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Les bureaux rétrécissent, le télétravail se démocratise, les espaces de co-working se transforment

Dernière mise à jour : 9 sept. 2022

Alors que le télétravail se généralise sous l'effet de la pandémie, certaines entreprises ne savent plus quoi faire de leurs locaux. Face à cette incertitude, les espaces de co-working tentent de proposer une offre ultra-flexible adaptée à la demande de leurs clients et potentiels clients.



Nouvelle vague, pas nouvelle vague ? Télétravail, pas télétravail ? Que faire de ses locaux ? Les garder ? Les rendre ? Les louer ? Prendre plus petit ? Depuis le déconfinement, les entreprises avancent les yeux bandés. Pour le moment, le gouvernement recommande vivement le télétravail (qui concernerait déjà 7,9 millions de salariés d'après l'Observatoire français des conjonctures économiques) pour lutter contre la propagation du coronavirus.

En conséquence : de plus en plus d'entreprises lâchent leurs bureaux ou l'envisagent . 60 % pourraient renégocier leur bail et leur loyer et 36 % s'apprêtent à réduire leur surface, d'après une étude de BNP Paribas Real Estate réalisée en mai dernier. Résultat : le télétravail s'installe dans la durée et les salariés sont poussés hors des murs. Mais pour aller où ? Si c'est pour finir dans un espace de coworking, certains pointent que le problème sanitaire est seulement déplacé.


Dans ce contexte, comment les espaces de co-working peuvent-ils se positionner ? En regardant le verre à moitié plein, pourrait-on répondre. Car bonne nouvelle :

« sur ces derniers mois, nos façons de travailler se sont accélérées et ont fait un bond de cinq ans », observe Alexandra Villegas, architecte et associée senior de Studios Architecture. La généralisation du télétravail a permis aux entreprises comme aux salariés de réaliser qu'il était possible d'être productif ailleurs qu'au bureau. « Désormais, on choisira son lieu et son espace de travail en fonction de l'activité à réaliser », poursuit-elle.

« Le bureau devient un espace d'expression »


Suivant ce raisonnement, on ne se rendra plus au bureau pour effectuer des tâches individuelles que l'on pourra faire partout ailleurs (à son domicile ou dans un café). On se déplacera pour être ensemble physiquement, brainstormer, collaborer dans des salles de réunion. « Le bureau de demain sera moins un lieu de production qu'un espace d'expression », récapitule Clément Alteresco, CEO et fondateur de Morning, un groupe qui réunit une cinquantaine d'espaces de co-working à Paris.


Les salariés finiraient par se rendre au bureau un à deux jours par semaine « pour collaborer ». Le reste de la semaine, ils pourraient télétravailler depuis leur domicile ou depuis l'espace de co-working le plus proche de chez eux (dont le coût serait pris en charge ou non par leur employeur).


Dans ce scénario, l'espace de co-working devra être capable de proposer des espaces privatifs et une offre de services affinée. « On verra émerger des lieux d'innovation, et de partage d'expertises en complément des modèles existants », imagine Sophie Henley-Price, associée et directrice générale chez Studios Architecture. Mais aussi, être en mesure de fournir des espaces pour se concentrer, pour être au calme. « Même si les aménagements sont pensés de façon élastique pour s'adapter continuellement, cette tendance sera exacerbée. Les bureaux seront voués à être dynamiques, jamais figés », complète-t-elle.

« Les aménagements seront aussi pensés de façon élastique pour s'adapter continuellement aux flux de personnes. Les bureaux seront voués à être dynamiques, jamais figés », complète-t-elle. Autrement dit : avec le télétravail, il arrive qu'un jour 20% des locaux soient occupés et le jour d'après, les lieux sont quasi-remplis. « Dans ces conditions, l'enjeu est de faire en sorte que les bureaux restent vivants, même vides. Et optimisés quand la masse salariale augmente », souligne Alexandra Villegas.



Jouer la carte de l'ultra-flexibilité du service client


Les espaces de co-working qui n'ont pas échappé à la crise économique ne comptent pas rester les bras croisés. Ils revoient d'ores et déjà leur modèle pour créer le travail de demain. Du côté du géant WeWork, la stratégie « pour rester debout » consiste à retenir les clients (plutôt des groupes ou des start-up et non des indépendants) envers et contre tout. « On leur propose des tarifs préférentiels, on retarde le paiement des loyers, on joue la carte de la surflexibilité », informe Ronen Journo, vice-président senior de WeWork. Par exemple : une entreprise qui avait l'habitude d'occuper une trentaine de postes n'en occupe plus qu'une petite dizaine. « On est à l'écoute », martèle-t-il. Le groupe américain a interviewé plus de 140 entreprises internationales (dont certaines du CAC 40) pour mieux comprendre ce qu'elles attendent de l'espace de travail sur l'année à venir.


Même chose chez Morning - qui compte parmi ses clients des jeunes pousses comme des firmes internationales dont L'Oréal - qui a tout de suite réagi face à la crise. Le groupe qui vivait « sa meilleure vie avant l'épidémie et depuis cinq ans » a développé un outil à destination de ses clients pour qu'ils puissent estimer leurs besoins en termes de nombres de postes de travail. Même si 30 % des postes sont aujourd'hui inoccupés, Morning réaménage ses bureaux pour essayer de coller aux besoins en temps réel des clients. « On est un laboratoire permanent, on observe comment les gens bossent et on évolue en fonction. On a par exemple des boîtes qui louent sur trois jours, et non plus sur cinq », informe le fondateur et CEO.


Le groupe Deskopolitan né en 2016 et propriétaire de deux espaces, et bientôt trois, s'est lui aussi jeté dans le vide de l'ultra-flexibilité : « on permet à plusieurs collaborateurs de partager un même poste de travail », explique Paul Chevrillon, co-fondateur. Une stratégie qui lui a sans doute permis de garder 50 % de ses clients (sans éviter le départ de l'autre moitié).



L'ultra-proximité, ce qui fait (encore) la différence


Wework comme Morning s'implantent là où les salariés parisiens vivent. Ces deux groupes misent sur l'ultra-proximité pour récupérer les salariés invités à télétravailler. WeWork possède pas moins de quatorze adresses à Paris (et vingt d'ici fin 2021). « Où que vous soyez, il y aura un WeWork à quinze minutes », rappelle Ronen Journo. Stop and Work (groupe IWC), lui, a décidé d'investir en banlieue parisienne (Alfortville, Cergy, Fontainebleau) à proximité des grands groupes et de leurs salariés.


En province aussi, on joue la carte du local. Marion Majou, la fondatrice d'Entrelac - un bureau partagé au coeur d'Annemasse, une commune de 40.000 habitants - espère attirer les télétravailleurs isolés grâce à son emplacement et son investissement sur le plan local. « On amène un peu de vie à ces villes-dortoirs », confie-t-elle. Pour démarcher les entreprises de sa région, Entrelac s'est associé à d'autres espaces de co-working du territoire. « On s'adresse aussi bien aux entreprises qui ont abandonné leurs locaux qu'à celles qui pratiquent massivement le télétravail », explique-t-elle. Aujourd'hui, 75 % de ses abonnés sont des free-lances et 25 % des salariés. L'objectif est donc d'inverser la tendance pour fidéliser sa clientèle et compenser la perte de 60 % de son chiffre d'affaires.


W'iN aussi a misé sur les territoires pour émerger dans le paysage des bureaux partagés. Présent dans quatre villes en région (dont Bordeaux et Nantes), le groupe semble peu fragilisé par le confinement avec « seulement » 18% de chiffre d'affaires en moins. « On a un positionnement bien précis : être un co-working de petite capacité (entre 80 et 100 places) installé dans des monuments historiques de l'hyper-centre-ville », explique Clarence Grosdidier, le fondateur. Ce groupe en plus de « redynamiser les centres urbains » cherche à offrir quelque chose de novateur : l'espace de Saumure dont l'ouverture est prévue pour 2022 proposera notamment du co-living, du co-working et une micro-crèche à destination des jeunes parents coworkers. D'ici fin 2021, W'iN prévoit l'acquisition de huit nouveaux espaces. Vous avez dit « crise » ?



Être un espace de co-working mais pas que


Certains en tout cas doivent trouver de nouvelles idées et diversifient leurs activités. C'est le cas de Morning qui accompagne les entreprises dans l'aménagement de leur espace en prenant en compte « l'effet coronavirus ». Pour ce faire, Morning compte sur une équipe en interne d'une vingtaine de salariés (architectes, menuisiers,…) qui se consacre habituellement à l'ouverture de nouveaux espaces. « On dispose même de notre propre laboratoire de fabrication de meubles, donc de notre propre ligne de mobilier. Ce qui veut dire que dès qu'on a une idée, un prototype, on peut le réaliser en interne », déclare fièrement Clément Alteresco. Après l'annonce des nouvelles conditions sanitaires en entreprise, le groupe a pu fabriquer 500 cale-portes en 24 heures, de quoi équiper l'ensemble de ses lieux.


« Cette crise reste une opportunité, une raison de se remettre en question, de se réinventer, de participer à cette révolution culturelle », estime Ronen Journo de chez WeWork. Il rappelle d'ailleurs que l'idée de son entreprise est née pendant la crise économique et financière de 2008, « pour accueillir les personnes déterminées à se lancer dans l'entrepreneuriat, à innover plutôt que de reprendre un job classique ». C'est aussi en 2008 que La Cantine du Silicon Sentier, le premier bureau partagé a vu le jour en France. La crise destructrice-créatrice ?










Source: start.lesechos.fr


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