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La Formation à bonne distance

Dernière mise à jour : 9 sept. 2022





L'e-learning, qui permet l'apprentissage et l'acquisition de nouveaux savoir-faire grâce à l'Internet, se répand dans tous les secteurs d'activités.


Une agent de voyage, un technicien de plateforme pétrolière, un mécanicien garagiste, une banquière et un opérateur de téléphonie, un pharmacien et un réparateur d'ascenseur... Quel point commun entre tous ces métiers? A priori,aucun. Sauf que, à l'ère de l'immatériel et des réseaux, leurs employeurs se sont tournés vers le Web pour les former. Qu'ils s'appellent le Club Med, l'Institut français des pétroles, Midas, la Société générale, SFR, la grande pharmacie Saint-Martin à Nantes ou Schindler, tous ont misé sur l'e-learning, ou formation ouverte et à distancevia les nouvelles technologies, pour permettre à leurs salariés d'acquérir ou de perfectionner des connaissances. Intégrer l'Internet et sa palette d'outils interactifs et multimédias à la formation des salariés : cette idée fait des émules dans tous les secteurs d'activité, et pas seulement dans la high-tech.


Victime collatérale de l'explosion de la bulle Internet, l'e-learning est sorti de la «glaciation» où il a végété entre 2001 et 2004. La généralisation du haut débit a fait son oeuvre et permet aujourd'hui l'entrée de la formation en ligne dans l'âge adulte. «Toutes les entreprises du CAC 40 y ont recours à des degrés divers», explique Pascal Desbordes, responsable des grands déploiements de formation chez Cegos, leader des solutions d'e-learning sur mesure en Europe. «La part de ces nouveaux modes de formation croît, poursuit-il, l'e-learning, qui a d'abord pris chez les cadres et dans les grandes entreprises de service, commence à se diffuser peu à peu à l'ensemble du monde du travail.»


Tuteur virtuel. C'est le cas au Club Med, où l'e-learning est devenu une réalité pour plus de 4 500personnes, soit l'ensemble du réseau de vente en Europe. Tous les GO ont dû s'y mettre, régime obligatoire. Il s'agit d'accompagner la «montée en gamme du Club, en repensant la logique de vente et la manière de s'y former», comme le dit Céline Oualid, responsable de l'«université des talents» du Club. Accueillis par Edonis, le tuteur virtuel, les «e-apprenants» doivent suivre six modules de 30 à 40 minutes, avec une nouvelle thématique tous les deux mois. Des formations très centrées sur le métier, les méthodes de vente et la connaissance approfondie du catalogue. Objectif : être capable de proposer à Elke et Hans Gutenberg, le vrai-faux couple allemand simulé en ligne, la meilleure formule pour leur séjour prochain à la montagne. «C'est très réaliste, note Sabrina, 27 ans, en poste à l'agence Opéra. L'e-learning permet de se remettre à jour et de revalider régulièrement ses connaissances sous une forme ludique, à son rythme. Cette autoformation en ligne est bien plus efficace que si l'on nous demandait de lire un fascicule de 50 pages.» Tous les modules du Club Med se terminent par un test de validation des connaissances immédiatement consultable et sont complétés par des jeux de rôles et des mises en situation en salle.


Plus surprenant, la formation à distance a également trouvé sa place dans les ateliers de Midas, société d'entretien automobile qui compte près de 400 centres franchisés en France. Ici, tous les nouveaux commencent par suivre une formation d'intégration, en partie sur l'Internet. 2 000 personnes sont concernées. Au programme, freinage, échappement et pneus pour la formation technique des cols bleus, communication, vente et management pour les cols blancs, commerciaux et gérants de centres. «Les formations en ligne sont accessibles depuis chaque point de vente, explique Philippe Gougeon, directeur des métiers. Elles permettent de mieux cibler les besoins de chacun. Envoyer un collaborateur sur un stage frein débutant quand la personne a déjà un niveau intéressant n'a pas de sens. L'e-learning permet de lui proposer un stage adapté à ses compétences comme le frein perfectionnement. Il y a moins de déperdition.» Les vendeurs d'e-learning ont beau vanter la souplesse du système, l'autonomie de l'apprenant et la personnalisation des formations, la greffe techno a parfois du mal à prendre. «On a connu pas mal de revers au démarrage, reconnaît Philippe Gougeon. Dans notre métier, on est habitués à l'enseignement verbal, l'échange par le geste, cela a été une petite révolution. Maintenant, ça va mieux. La jeunesse est très à l'aise avec le multimédia et puis, dans nos métiers qui évoluent très vite, l'e-learning permet de gagner du temps.»


«Télé». Gagner du temps et moins avoir à se déplacer. Ce sont, selon Loïc Bergeon, pharmacien installé à Nantes, les deux premières des qualités de l'e-learning. «Rien que ça, dit-il, c'est déjà un avantage énorme qui justifie en soi la démarche.» Comme les 2000 autres clients d'Isipharm, une PME rouennaise qui édite des logiciels de gestion d'officines, Loïc Bergeon se forme surtout en ligne à la bureautique, le premier des domaines de l'«e-formation» (59,8 %), devant les langues (50,9 %) et l'informatique (41,1 %) selon une étude de la chambre de commerce et d'industrie de Paris.


Converti récemment à la formation à distance, Isipharm a réorienté ses formateurs sur le tutorat en ligne et s'en félicite. Ils interviennent désormais sans avoir à se déplacer. «Les formateurs y ont beaucoup gagné en disponibilité même s'ils sont à distance, explique le directeur général, Serge Brun, et les 10 % de pharmaciens qui ont basculé sur l'e-learning disent apprendre mieux et plus vite grâce au partage d'application à distance.» Après le patron, les trois employés de l'officine nantaise ont pu se former directement en ligne aux subtilités du logiciel, en observant le formateur prendre la main sur leur propre écran. «On retient beaucoup grâce à la mémoire visuelle, finalement c'est comme si on regardait la télé», ajoute le pharmacien.


La méthode est prisée dans les banques et l'assurance, comme à la Société générale ou chez Generali, pour aider les cadres à se mettre à jour des réglementations. Nouvelles lois disséquées de manière pointue, sensibilisation à la lutte contre le blanchiment ou pratiques comptables, l'e-learning y fonctionne comme une sorte d'encyclopédie professionnelle interactive, à consommer à la carte. Un mode plus documentaire, que l'on retrouve également chez les nombreux prestataires qui, à l'image du français CrossKnowledge, proposent jusqu'à plusieurs centaines de modules «en étagères», du marketing à la gestion du stress, en passant par le recrutement ou la conduite d'entretiens.


«Champs immenses». Si l'e-learning pèche encore souvent par sa difficulté à bien reproduire la réalité professionnelle, les nouvelles tendances sont «très prometteuses», dit Pascal Desbordes, de la Cegos. Au menu, des serious games inspirés du monde du jeu vidéo, avec des environnements virtuels en 3D, des simulations plus vraies que nature, etc. «Les champs ouverts sont immenses, poursuit-il, des outils de simulation pour les techniciens aux business games pour les commerciaux, il y a de quoi répondre à tous les besoins.» «Le hic, conclut Pascal Desbordes, c'est que ces projets vont coûter très cher, bien plus que l'e-learning de masse sur lequel les entreprises ont déjà tendance à serrer leurs budgets.»





Source: Liberation.fr

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